Un projet touristique d’oligarques genevois menace la forêt des Carpates

Un projet de gigantesque station de ski dans la forêt des Carpates ukrainienne menace les dernières forêts de hêtres d’Europe.

Le Bruno Manser Fonds présentait hier au Ministère de l’environnement à Kiev un rapport d’étude de 50 pages traitant d’un projet de gigantesque station de ski dans la forêt des Carpates ukrainienne. Le projet comporte notamment la construction de 230 km de pistes de ski, 390 maisons de vacances, 120 restaurants et 60 hôtels dans le massif de Svydovets, qui héberge l’une des dernières forêts de hêtres d’Europe.

Le rapport politiquement explosif «The Svydovets Case» montre que l’entreprise ukrainienne Skorzonera LLC est à l’origine du projet devisé à des milliards. Jusqu’ici, les autorités compétentes avaient prétendu que le projet n’était pas lié à des intérêts commerciaux privés.

Skorzonera appartient aux oligarques Igor Kolomoïsky et Gennadiy Bogolyubov, qui sont impliqués dans plusieurs procédures juridiques en cours en Suisse, en Grande-Bretagne comme en Ukraine. Le premier a vécu plusieurs années à Genève, pour retourner il y a quelques semaines en Ukraine, après l’élection du candidat à la présidence Volodymyr Zelenski qu’il soutenait. Le second s’est également établi à Genève il y a quelques années.

Les auteurs du rapport critiquent la procédure opaque dans la planification du complexe touristique dans le massif montagneux fragile, qui héberge 93 espèces animales ou végétales menacées, dont l’ours brun, le lynx, le grand tétras ou encore l’endémique triton des Carpates.
La mise à l’écart du projet de la population locale concernée constitue une infraction flagrante à la Convention d’Aarhus, ratifiée par l’Ukraine, qui prescrit la transparence dans les procédures de planification.

Lukas Straumann, directeur du Bruno Manser Fonds: «Le massif de Svydovets est situé en plein cœur de l’un des plus grands paysages naturels intacts d’Europe. La protection de cette région revêt une importance internationale et doit être promue par l’Ukraine et soutenue par la Suisse.»

Des institutions suisses comme l’Institut fédéral de recherche sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) s’engagent depuis plus de 20 ans dans la région touchée par le projet.

retour